Folie Douce par Lauren Bastide

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Par Lauren Bastide
4 avr. · 5 mn à lire
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#5 “C’était un devoir d’en parler”, BD et trouble borderline avec Pauline de Tarragon

Cette semaine, coupez les réseaux sociaux for god's sake, et lisez des bande dessinées, plutôt. Ainsi que d'autres recos chouettes.

Un conseil d’amie*…

Oui, ça a été dit et redit. Mais là je vous le dis depuis mon point de vue : celui d’une personne anxieuse, très active sur les réseaux qui tient le journal de son bien-être psychique. Je vous assure, c’est mathématique. Quand mon téléphone m’informe que mon temps d’écran a baissé la semaine dernière, cette notification me trouve dans un état de relative sérénité. Quand on m’indique un temps d’écran supérieur à cinq heures par jour, comme par hasard, je suis dans une phase de boule au ventre. Ça fait longtemps que je sais tout le mal que les réseaux font à ma santé mentale. Et tout un tas d’études (par exemple celle-ci) sont venues corroborer mon intuition. Alors oui 🎶internet c’est super🎶, la communauté, les gens qui nous ressemblent, la circulation du savoir, l’accessibilité, la créativité, blablabla vous connaissez le laïus je l’ai moi-même tenu cent fois. N’empêche qu’à chaque fois que je sens monter des petites pensées du type “la vie est pourrie” je mets en place la procédure d’urgence : je bois un grand verre d’eau (vous même vous savez) et je DÉSINSTALLE instagram. Je désinstagramme, si on veut, lol. J’insiste sur la désinstallation, parce que les applications qui prétendent détoxifier des applications, je me méfie. Et aussi parce que la simple vue de l’icône de l’appli sur l’écran active le circuit de la récompense, déclenchant le désir immédiat d’aller chercher la dopamine sous forme de commentaires et de petits coeurs. Allez, hop, on désinstalle. Comme par magie, un espace mental se libère et je capte mieux l’ici et maintenant. Comme l’appli n’est juste pas là, je me débarrasse de l’impulsion de donner mon avis à tort et à travers ou de partager mes photos pourries avec la terre entière. Je réserve ces élans créatifs, s’ils sont irrépressibles, à mon groupe d’amiX proches sur Whatsapp qui généralement ignore totalement ma photo de prunier en fleurs sur fond de ciel bleu, ce qui a l’avantage de remettre immédiatement mon égo à ma place. Je ne réinstalle que quand je dois vraiment poster, par exemple pour le taf. Et si je dois le faire quatre fois dans la semaine, ainsi soit-il.

Allez, prenez soin de vous, et prenez votre temps.

Lauren

*dans cette rubrique, je propose un conseil pratique qui peut vous aider à prendre soin de votre santé mentale. Je parle depuis mon point de vue de femme cisgenre blanche avec un TDAH (trouble de l’attention avec hyperactivité) et des troubles dépressifs liés au stress post-traumatique, suivie depuis deux ans en thérapie comportementale et cognitive. Mes conseils sont à prendre comme ceux d’une amie concernée. Si vous traversez une période difficile, le mieux est de vous orienter vers un professionnel de la santé mentale. En cas d’inquiétude pour vous ou l’un·e de vous proche, vous pouvez appeler le numéro national du prévention du suicide, le 3114, des personnes formées vous écouteront.

ENTRETIEN

“C’était un devoir d’en parler”, avec la bédéaste et musicienne Pauline de Tarragon

J’ai failli en faire un conseil d’amie, mais ça aurait été un peu paresseux de ma part : mais, quand ça va pas, lisez des bande dessinées ! Ces dernières années, les BD ont été les moments les plus doux de lectures, d’évasion et de détente. Que serais-je sans Emil Ferris et Catell (et d’autres bédéastes que je cite ci-dessous) ? Parmi les oeuvres graphiques qui m’ont touchés ces derniers temps, il y a Minuscule Folle Sauvage de Pauline de Tarragon (que vous connaissez peut-être pour son travail de musicienne sous le nom de Pi Ja Ma). Déjà, parce que j’aime bien quand les femmes renversent le stigmate de la folie et se le réapproprient. Et aussi pour d’autres raisons que je vous invite à découvrir dans l'entretien, qui s’accompagne de quelques magnifiques planches tirées de la BD. Bonne lecture.

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